La bloggeuse Food Babe s’était attiré les foudres des commentateurs scientifiques par sa remarque tristement célèbre sur la sûreté des substances présentes dans la nourriture : « If a third grader can’t pronounce it, don’t eat it » (« si un élève de CE2 ne peut pas le prononcer, ne le mange pas »). Avec cette petite liste de molécules présentes dans une fraise, on comprend que ce conseil est complètement ridicule. Beaucoup de molécules naturelles dans les aliments que nous mangeons, y compris les vitamines par exemple, portent des noms très complexes dans la nomenclature chimique. Les compositions chimiques de quelques fruits supplémentaires sont disponibles ici.
Mais alors, les produits « chimiques » et les produits « naturels » sont-ils fondamentalement différents ? Quand on se rappelle qu’ils sont faits des mêmes briques (atomes), on se rend compte que non : finalement, tout est chimique ! À la rigueur, si l’on veut distinguer les produits présents naturellement sur Terre des autres, il faut parler de produits « synthétiques » et de produits naturels. En effet, toute molécule quelle que soit son origine, est un arrangement d’atomes (tels que l’hydrogène, l’oxygène ou le carbone etc… voir le tableau complet ici) qui sont tous d’origine naturelle (si l’on omet les transuraniens et les curiosités instables de laboratoire). Le nom scientifique d’une molécule rend complètement compte de cet agencement parfois complexe, on comprend donc qu’il puisse être long et difficile à prononcer, que la molécule soit naturelle ou non, toxique ou non.
En ce qui concerne la toxicité, il faut commencer par dire qu’il n’y a évidemment aucune différence entre une molécule trouvée dans la nature, et cette même molécule synthétisée en laboratoire : elles sont absolument indiscernables et auront le même comportement chimique. Reste maintenant la question des molécules n’existant pas naturellement dans notre environnement. Considérer que ces molécules sont a priori dangereuses, c’est commettre un « appel à la nature » (aussi appelé naturalistic fallacy, en anglais). Car le caractère naturel ou non d’un produit ne dit rien sur sa toxicité pour le corps humain. Il existe des poisons et toxines naturels… et des substances de synthèse inoffensives. Il faut donc tout tester au cas par cas, chose à ne pas oublier quand on parle de pesticides synthétiques ou naturels, ou tout autre produit auquel nous sommes exposés.
De plus, dans tous les cas, il est indispensable de se rappeler du vieil adage : « C’est la dose qui fait le poison ». Car pour toute molécule, il est probable que des effets néfastes apparaissent à partir d’une certaine dose. C’est le cas de l’eau pure (H2O) ou trop faiblement minéralisée, dont la consommation a été associée à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, des troubles des neurones moteurs et de la grossesse, ainsi que de certains cancers.
Faire la promotion de l’aspect « naturel » d’un produit augmente son capital sympathie, mais n’est aujourd’hui rien d’autre qu’une astuce marketing. Et malheureusement, certains produits court-circuitent les procédures de régulation (marché des compléments alimentaires par exemple) en faisant valoir le caractère naturel des substances vendues. Ceci n’est en rien un gage de sûreté, ni d’efficacité, du reste. L’absence de régulation sur ce que contiennent vraiment ces produits expose le consommateur à des risques potentiels. Trop souvent il faut malheureusement attendre des scandales sanitaires pour que les produits dangereux soient retirés du marché, au lieu d’agir en amont comme c’est le cas pour d’autres produits.
Anonyme
nullllllll germainnnnnn non pas de devoir
Anonyme
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flyv01@yahoo.fr
Si c’est pour faire la pub pour les fraises non bio il faut d’abord se référer à la liste des molécules chimiques engrais et pesticides présentes dans les jolies fraises rouges de supermarché.
Flyv
Anonyme
The whole thing is more than the sum of its parts.
Théo
Well, it can also be less (cf. effets antagonistes).
Dans tous les cas, cela doit être prouvé et ne saurait être l’hypothèse par défaut.
Noun
Bonjour.
On entend beaucoup dire que les molécules de synthèse utilisées (par exemple dans les pesticides, mais aussi de façon globale) ont généralement comme caractéristique une bien plus grande stabilité que les molécules dîtes naturelles (comme les pesticides synthétisés par les plantes elles mêmes).
Cela aurait pour conséquence une élimination, une dégradation dans l’environnement bien plus longue, avec à la clé des risques de bio-accumulation plus élevés pour les organismes.
Quel est votre avis ? Cela correspond-t-il à une certaine réalité ? À une tendance avérée ?
Merci.
Théo
Bonjour, merci de votre commentaire.
Il est vrai qu’il existe des produits persistants, comme l’atrazine que l’on retrouve encore dans les nappes phréatiques malgré son interdiction il y a plus de dix ans. Néanmoins, encore une fois il faut voir au cas par cas, car le cuivre de la bouillie bordelaise (utilisée en bio), lui aussi, s’accumule sans être dégradé, puisqu’il s’agit d’un métal. Je n’ai pas informations pour savoir la proportion de substances relativement biodégradables dans les pesticides « naturels ». Mais effectivement il se pourrait qu’elle soit plus importante qu’au sein des pesticides de synthèse.
Anonyme
Pour la bouillie bordelaise, c’est aussi une catastrophe, toutes les cultures qui subissent de cette substance le transfère au sol, et bien des sols sont contaminées au cuivre. Des vignobles dépérissent même en faisant une intoxication et dès lors que l’ont retire la vigne m^me l’herbe a du mal a poussé, les résidus de pesticide sont certes trés toxiques mais ils ont la capacité de se dégrader (parfois il faut des décénies) contrairement au métaux (plomb, aluminium cuivre etc)