Agriculture

OGM : les chercheurs sont-ils vraiment des vendus ?

Le débat sur les OGM s’est de nouveau enflammé dernièrement suite à la publication d’une lettre signée par 110 lauréats du prix Nobel en faveur du développement des OGM. Cette position est supportée par le consensus scientifique sur le sujet : les OGM ne présentent pas plus de risques que leurs équivalents conventionnels et peuvent être utiles (92% des spécialistes en recherche biomédicale les considèrent sûrs, cf ces 1700 articles scientifiques sur la question).

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Le consensus scientifique sur les OGM

Tout cela est intéressant, mais est-il possible que les chercheurs soient influencés ou intimidés par les semenciers comme Monsanto ? Cette idée n’est pas absurde, quand on connaît les efforts de lobbying de certaines entreprises. Mais sont-ils assez puissants pour réussir à renverser un consensus scientifique ? Là, rien n’est moins sûr… En effet, si on regarde l’industrie du tabac, qui est bien plus grosse que celle des semenciers OGM, elle ne parvient pas à empêcher le consensus sur les dangers de la cigarette. Il en va de même pour l’industrie pétrolière, la plus puissante au monde, vis-à-vis du changement climatique. Les scientifiques semblent garder une indépendance même face à ces géants. Pourquoi serait-ce différent pour Monsanto, qui pèse « seulement » 15 milliards de dollars ? D’autant plus que les activités de Monsanto, et donc son chiffre d’affaires, ne sont pas uniquement liées aux OGM : l’entreprise commercialise aussi des graines conventionnelles et se met même au bio… tandis que dans les deux autres cas (tabac et pétrole), l’essentiel des revenus de ces entreprises dépendent de la régulation de ces deux commodités.

On pourrait alors faire la remarque suivante : « Il y a un consensus scientifique sur les effets néfastes de la cigarette aujourd’hui, mais à cause de l’industrie du tabac ce n’est clair que depuis peu, du coup je suis en droit de rejeter le consensus sur les OGM d’aujourd’hui en attendant celui de demain. » En réalité, cet argument n’est pas valide, et se retourne même contre celui qui l’utilise.

Premièrement, l’analogie entre OGM et cigarette est inappropriée car il n’y a jamais eu de consensus disant que la cigarette était sans danger (ce qui est le cas pour les OGM). L’historique des connaissances des risques du tabac pour la santé remonte à la découverte de cette plante il y a des siècles. Dès la première moitié du XXème siècle l’association avec une augmentation du risque de cancers est limpide au sein de la communauté médicale. Cela a pu mettre du temps à être partagé largement dans la population, mais il ne faut pas confondre l’opinion publique et le consensus scientifique, qui lui est clair depuis longtemps. Il en va de même pour le changement climatique, avec la découverte de l’effet de serre à la fin du XIXème siècle, et les premières suspicions de modification du climat planétaire par l’homme lors de la première moitié du XXème siècle. Dans les années 1970, certains ont suggéré que du fait des émissions d’aérosols de l’époque, le climat pourrait se refroidir. Ceci dit, cette opinion est restée minoritaire et a rapidement disparue de la communauté scientifique.
NB : Voici notre chaîne YouTube dans laquelle vous retrouverez en particulier nos vidéos de la Conférence Génétiquement Modifiée

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6 Comments

  1. Anonyme

    Gardons l’esprit critique.

    En premier lieu le scientifique est un homme comme tout autre.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/10/04/monsanto-papers-desinformation-organisee-autour-du-glyphosate_5195771_3244.html

    Lors de la nouvelle vague de révélation des mosanto paper.
    On rencontre :

    Des scientifiques prête signature.

    Des scientifiques achetés.

    Des scientifiques spécialistes de la désinformation.

    En va t il de même pour tous les sujets scientifiques?

    Doit on être prudent dans ce que voudrait nous inculquer les scientifiques?

  2. Alain

    Cher Théo, une question ? Pourriez vous expliquer à vos lecteurs, pourquoi pour les OGM, une bacille à été implanté dans les genes des OGM pour supporter le Round UP ? Et pourquoi elle ne peut vivre sans Round up ? Si ce n ‘est pour vendre un produit….!!!!!

    En attendant votre réponse les OGM sont intrerdit pour l’humain en France, sauf pour l’élévage… et pourtant on mange les volailles et autres… En tant que scientifique vous connaissez le danger du Round Up sur les cellules humaines et la degenération des cellules…?!

    1/3 des graines De Monsanto ou Cargill sont utilsés en France….

    En attendant avidemment votre avis « hautement scientifique ».

    Cordialement et respectueusement

    Alain

    • Gattaca

      @Alain
      Votre commentaire laisse à penser que vous n’avez pas bien compris ce qu’est un OGM, un gène, un microorganisme… vous récitez très mal votre catéchisme et votre formatage n’est pas encore complet car vous avez mal assimilé les mensonges que l’on vous a asséné malgré vous !

      Ainsi, pour reprendre vos propos, on n’a jamais implanté un bacille (et pas unE bacille) dans les gènes des OGM …
      Non, on a pris un gène chez une bactérie et plus précisément le gène codant pour l’enzyme ESPS synthase enzyme tout à fait essentielle pour que la plante puisse synhétiser les acides aminés aromatiques dont elle a absolument besoin pour synthétiser ses propres protéines (au passage, ce gène et ses al!èles sont ubiquitaires ce qui veut dire qu’on les trouve chez tous les organismes vivants) pour l’ajouter au patrimoine génétique d’un maïs, d’un soja…etc.). On ne l’a donc pas mis « dans les gènes » … mais ajouté aux autres gènes !

      Il se trouve que ce gène code un variant de l’enzyme (EPSPS) qui est insensible au round up (glyphosate), donc qui n’est pas inhibé dans son rôle au sein de la cellule et permet donc à la plante qui l’a reçu de continuer à vivre.

      Contrairement à vos propos, elle (la plante transgénique) peut tout à fait bien vivre sans round up. C’est simplement que le round up ne lui fera rien si jamais on applique cet herbicide !
      Pour la petite histoire, le brevet concernant le round up dont le composé actif est le glyphosate est tombé dans le domaine public depuis l’an 2000 …. et il existe maintenant de nombreux fabricants/fournisseurs de glyphosate dans le monde. Il y a donc bien longtemps maintenant que Monsanto n’est plus le seul à vendre ce produit.

      Ainsi les OGM sont interdit pour l’humain en France … non, ce n’est pas comme cela qu’il faut présenter les choses. Jusqu’à 1998, le seul OGM autorisé en France était le maïs MON810 (résistant à deux insectes : pyrale et sésamie). Depuis il a fait l’objet de moratoires successifs (non justifiés scientifiquement et les décisions ont été retoquées et par le conseil d’état et par la CJUE, mais depuis quelques années on a tendance a plutôt donner raison aux obscurantistes qu’aux experts en charge des dossiers et aux scientifiques).
      Concrètement, un certain nombre d’OGM et de produits issus d’OGM sont autorisés à l’importation et à la consommation même si tous sont interdits à la culture en Europe (sauf le MON 810). On retrouve ces produits issus d’OGM principalement dans les produits destinés à l’alimentation animale mais certains des produits peuvent constituer également des ingrédients de préparations destinés à la consommation humaine.
      Tout cela pour dire que dans tous les cas, nous ne consommons pas des OGM mais des produits issus d’OGM. S’il s’agit par exemple d’amidon ou d’huile obtenus à partir d’un OGM donné, ce n’est pas pour autant que l’amidon ou l’huile en deviennent GM ou OGM eux mêmes. C’est impossible biologiquement !
      De l’huile, c’est de l’huile, du sucre (amidon) c’est du sucre quelles qu’en soient leurs provenances !
      En aucun cas, non plus, un animal qui mange des produits issus d’OGM (tourteaux de soja, grids de maïs etc) ne risque de devenir OGM lui même ou transgénique. Ceux qui disent cela sont des charlatans n’ayant rien compris aux bases de la biologie.
      Le danger du round up …. est largement exagéré. Parmi tous les herbicides utilisés, c’est certainement le plus inoffensif de tous (Il est utilisé depuis 40 années sans aucun problème noté qui nécessiterait son retrait). Il rend d’énormes services à l’agriculture en général, a un bon profil écotoxicologique et son utilisation lui donne un quotient d’impact écologique (QIE) meilleur que beaucoup d’autres substances utilisées par ailleurs. Il n’est pas cancérogène contrairement aux propos mensongers du CIRC, il n’est pas non plus un perturbateur endocrinien. C’est pas demain et encore moins en 3 ans que l’on va être capable de le remplacer par quelque chose d’aussi efficace et aussi peu dangereux !

      Enfin que 1/3 des semences de Monsanto et Cargill soient utilisées en France devrait vous inquiéter … car notre industrie semencière figurait dans le peloton de tête des meilleures sociétés semencières. Le refus des OGM (qui ne sont qu’un outil -remarquable- dans la panoplie du sélectionneur pour obtenir de nouvelles variétés sans cesse nécessaires) par une mouvance obscurantiste et anti progrès nous a fait régresser largement. D’ailleurs quelques uns des grands semenciers français vont maintenant les faire à l’étranger excédés par les obscurantistes anti-progrès qui arrivent à persuader les décideurs de ne plus faire d’OGM en France et en Europe alors qu’ils représentent un progrès majeur pour l’humanité (cf déclaration des Prix Nobel de 2016). Et ce n’est qu’une étape parmi les nombreuses connaissances qui s’accumulent à une vitesse que vous ne pouvez même pas imaginer (les NBT sont une nouvelle révolution biologique extraordinaire… au lieu d’être dedans, d’être avec… on va passer à côté pour être dominé et dépendre des concurrents étrangers et, à terme, nous ne serons plus en mesure d’assurer notre propre sécurité alimentaire !

  3. Bonjour,

    Effectivement on ne peut pas accuser une industrie quelconque de
    dissimuler quelque chose sans élément concret. Cependant, j’aurais un argumentaire assez différent de celui développé dans l’article. Contrairement
    à ce que vous semblez dire, des industries ont déjà caché des éléments
    nuisibles pour la santé publique et qui ne faisaient alors pas consensus dans le monde
    scientifique.

    Quelques exemples :
    1. L’industrie du tabac a mené de nombreuses recherches (plus d’une
    centaine d’études juste pour Philip Morris) sur le tabagisme passif
    dans les années 1980. Ils savaient pertinemment que la fumée
    secondaire était 3 à 4 fois plus dangereuse (à concentration égale)
    que la fumée principale (celle inhalée par le fumeur). Les
    connaissances accumulées par ces expériences leur donne 10 à 20 ans
    d’avance sur les premières études publiées dans la littérature
    scientifique. Philip Morris, pour semer le doute, publie même des études en
    contradiction avec ses études internes (Schick et Glantz, Tobacco
    Control 2005 [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1748121/]).
    2. En 1962, l’industrie du sucre reconnait (en interne) un potentiel
    lien entre le sucre et les maladies chroniques. Dans les années 60,
    l’industrie du sucre influe sur la publication de deux synthèses de
    la littérature à propos des maladies cardio-vasculaires. Il y sera
    question de graisses et de cholestérol, mais pas de sucre. Voir à ce
    sujet cet article qui vient de sortir :
    [https://www.statnews.com/2016/09/12/sugar-industry-harvard-research/]
    3. Pour l’industrie pharmaceutique, nombreux sont les cas où des
    médicaments qu’on pensait bénéfiques se sont finalement révélés
    nocifs car l’industrie n’avait pas révélé tout ce qu’elle savait à
    leur sujet. Voir par exemple cette vidéo :
    [https://www.ted.com/talks/ben_goldacre_what_doctors_don_t_know_about_the_drugs_they_prescribe?language=en]

    Je pense aussi que l’appellation « les scientifiques » risque d’amener un
    quiproquo. Il ne s’agit pas d’une population uniforme. Il y a certains
    scientifiques qui ont reçu des sous d’industries et qui ont produit des
    recherches allant dans le sens de leur commanditaire. D’ailleurs cela ne signifie pas nécessairement que ce sont des « vendus » (même s’il y en a). Il existe suffisamment de biais cognitifs pour expliquer qu’un chercheur aille plutôt dans le sens de son commanditaire.

    Bref les grandes industries ne font pas que du lobbying, certaines
    jouent aussi un rôle dans la production scientifique. Cela ne veut pas
    dire pour autant qu’elles manipulent nécessairement toute la
    science. Mais il est impossible de rejeter l’hypothèse que Monsanto (ou
    consorts) manipule ou dissimule des informations scientifiques. En
    revanche on ne peut pas accuser Monsanto (ou consorts), sans élément
    probant, de cacher les effets sanitaires de tel ou tel
    produit. Autremend dit il est assez probable que Monsanto (ou autre)
    cache certains effets de certains de ses produits, mais on ne sait
    justement pas lesquels. On ne peut donc pas choisir quel effet ils nous
    cachent selon ce qui nous semblera à même de mieux porter notre
    argumentaire. Pour prendre un exemple je pourrais dire que le Round-up
    rend les enfants insomniaques, c’est pour ça qu’ils arrivent de plus en
    plus fatigué à l’école. Mais je n’ai pas plus d’élément pour étayer cela
    que pour n’importe quel autre effet. Donc il faut s’abstenir en
    attendant d’avoir des éléments solides (s’il y en a).

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