Comme prévu, l’année 2016 vient de battre le record de 2015 détenu avant cela par 2014, pour devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial. Ce résultat est dû à la combinaison d’un épisode El Niño intense et de la poursuite du réchauffement planétaire lié à nos émissions de gaz à effet de serre (GES) dont le principal est le CO2. Pour limiter les effets catastrophiques d’un climat qui change, la réduction drastique et rapide de nos émissions de GES est une priorité absolue. Pour y parvenir, une action politique forte est essentielle et, malgré l’accord de Paris qui reste un pas encourageant, il n’est pas certain que les objectifs fixés soient atteints. En parallèle, il est donc indispensable que les citoyens s’engagent, car nous sommes tous personnellement concernés à travers notre empreinte individuelle.
Pour savoir où placer les efforts, il convient avant tout de voir d’où viennent ces émissions. Réponse en un graphique.
Au niveau mondial, les plus gros postes d’émissions concernent la production d’électricité, l’agriculture, l’industrie et les transports (pour la France, c’est un peu différent). Si de profondes mutations sociétales encouragées par une régulation forte seront certainement nécessaires, il existe des choix individuels simples qui, sans s’inscrire dans une démarche de rupture, peuvent dès aujourd’hui contribuer à une amélioration progressive.
1. Internet : limiter le recours au stockage dans le cloud et aux services en ligne
Utiliser Internet émettrait des GES ?! Pas qu’un peu : avec 830 millions de tonnes, les émissions de CO2 des infrastructures liées aux technologies de l’information sont supérieures à celles de l’Allemagne ! Ces émissions invisibles pour nous sont dues à la fabrication des machines utilisées (voir point 3) : serveurs, ordinateurs, réseaux, mais aussi à l’électricité pour faire fonctionner et refroidir ces machines. Car comme on l’a vu plus haut, la production d’électricité est le premier poste d’émissions de GES dans le monde car principalement d’origine fossile. Ce n’est pas le cas en France car la production est assurée à 90% par des centrales nucléaires et hydroélectriques qui n’émettent pas de CO2. Ceci dit, utiliser Internet en France génère des émissions à l’étranger, puisqu’aujourd’hui des données situées à l’autre bout du monde sont accessibles en un clic. Par exemple, aucun centre de données de Google ne se situe en France. En somme, minimiser la mise en ligne permanente de données est une bonne idée, par exemple en limitant l’utilisation du cloud et l’envoi par e-mail de pièces jointes volumineuses.
2. Alimentation : limiter la consommation de viande (en particulier le bœuf) et le gaspillage alimentaire
C’est peut-être de cette manière que l’on pourra réduire le plus efficacement son empreinte carbone, et une solution pérenne à la problématique climatique devra forcément contenir un volet agriculture. En particulier, le bilan carbone de la production de viande rouge est très lourd. Des changements d’habitudes alimentaires peuvent diminuer de 50% les émissions de GES liées à l’alimentation.
Que dire de la viande produite localement ? En fait, le transport ne pesant qu’une dizaine de pourcents dans le bilan total, il est plus efficace de changer ses habitudes alimentaires que de se mettre à manger local (même si c’est tout de même une bonne idée). En complément, éviter les emballages en plastique et boire l’eau du robinet – tout à fait potable en France – réduira la production de dérivés du pétrole. Enfin, près de 100 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année en Europe, et puisque ce sont les ménages – et non pas la grande distribution – qui en sont les principaux responsables (à hauteur de deux tiers en France d’après le Ministère de l’Écologie), les comportement individuels doivent changer.
3. Consommation : limiter l’achat de produits manufacturés
Pour n’importe quel produit marchand, des émissions de GES peuvent survenir à la conception, l’approvisionnement en matières premières, la fabrication, le conditionnement, le transport, la distribution, l’utilisation ainsi que la gestion des déchets. À titre d’exemple, à l’achat, un ordinateur a déjà « émis » environ 200 kg de CO2, soit l’équivalent de 1300 km en voiture. On comprend alors qu’il sera judicieux de ne pas remplacer trop souvent à neuf les produits très émetteurs (informatique, électroménager, véhicules…) et préférer les réparer, les partager, acheter d’occasion, et veiller au recyclage lorsque c’est possible. De plus, il faut garder à l’esprit que les produits provenant de pays lointains et dont l’économie est a fortiori très carbonée comme les États-Unis ou la Chine seront plus émetteurs (en ce sens, privilégier le made in France est pertinent…). Acheter des produits fabriqués à l’étranger ne fait que « délocaliser » ses émissions de GES, qui évidemment ne connaissent pas de frontière. Si l’on prend en compte les émissions liées aux importations (et qu’on retranche celles liées aux exportations), l’empreinte carbone annuelle d’un Français passe de 7,3 tonnes à 10,6 tonnes éq-CO2 !
4. Énergie : limiter le chauffage chez soi et la climatisation en voiture
Cet aspect sera certainement du déjà-vu pour tout le monde, mais mérite quelques remarques. Pour commencer, en France, la problématique des émissions dues au chauffage concerne surtout les installations qui fonctionnent au gaz ou au fioul. Dans ce cas, baisser d’un ou deux degrés votre thermostat pourra réellement réduire émissions de CO2 et facture énergétique. Un certain nombre d’astuces permettent aussi de réduire le chauffage sans concession sur le confort. Globalement, l’isolation demeure un investissement particulièrement judicieux (y compris fiscalement), tout comme l’installation d’une pompe à chaleur. Ailleurs qu’en France, en Norvège ou d’autres pays à l’électricité décarbonée, maîtriser sa consommation d’électricité est pertinent dans la mesure où les émissions de CO2 associées sont fonction du moyen utilisé pour la produire. En voiture l’été, ou dans les pays chauds, l’utilisation de la climatisation doit être restreinte au minimum. En effet, le système de climatisation fonctionne grâce au moteur, et engendre une consommation supplémentaire de carburant, pouvant aller jusque 20% d’augmentation.
5. Déplacements : limiter les trajets en avion/voiture
Ici encore, c’est évident pour tout un chacun : les véhicules fonctionnant aux combustibles fossiles émettent du CO2. Lorsque c’est possible, il faudra éviter l’avion et la voiture, et préférer le train, les transports en commun, le vélo et la marche. Pour les trajets les plus courts en ville en particulier, le choix de la voiture est une mauvaise idée car un moteur consomme davantage à froid. Quand la voiture ne peut pas être remplacée, la co-voiturage est une bonne option. En parallèle, choisir un véhicule qui consomme peu ainsi qu’adopter des pratiques d’écoconduite tels que réduire sa vitesse, éviter les accélérations et freinages brusques et bien gonfler ses pneus contribueront à réduire la consommation de carburant et les émissions associées. Si le point 4 mentionne l’impact de la climatisation, attention toutefois à ne pas non plus ouvrir complètement les fenêtres à cause de l’augmentation de la résistance de l’air qui ralentirait le véhicule.
Globalement… consommer moins !
Réduire son empreinte carbone nécessite donc fatalement des changements dans la vie quotidienne, qui peuvent parfois représenter de vraies concessions. Ceci dit, ces concessions auront non seulement un avantage écologique, mais aussi souvent économique pour le consommateur. En effet, un levier important de réduction des émissions de GES est de consommer moins de manière générale. Ainsi en fonction des ménages, en réduisant d’une tonne ou deux son empreinte carbone, on peut par la même occasion économiser quelques centaines d’euros voire davantage. Incidemment, une consommation en baisse est peu compatible avec le paradigme économique dominant de recherche de croissance perpétuelle à tout prix. Quoi qu’il en soit, dans la mesure où l’arrêt du recours aux combustibles fossiles est non seulement souhaitable mais aussi inexorable, la possibilité de conserver une croissance économique soutenue à long terme est loin d’être établie. Car malgré les progrès dans l’intensité carbone de l’économie (on émet moins de CO2 par unité de PIB), il n’est pas certain que l’on puisse diviser par trois l’utilisation des combustibles fossiles d’ici 2050 – comme prévu pour respecter la limite des 2°C – tout en conservant le niveau de consommation actuel.
Geiger Marianne
Bonjour,
J’ai beaucoup de plaisir à faire germer des graines que je mange en les faisant revenir pour les ajouter au tofu, aux omelettes, ou au riz. Ainsi je passe l’hiver avec peu de légumes achetés et l’été je cultive mon potager.
Anonyme
Bonjour,
Merci pour cet article interessant et riche en informations.Personnellement,je pense qu’il sera encore plus interessant s’il nous propose des solutions concrètes ,d’autres alternatives et de nouveaux modes de consommation.Merci 🙂
Topenot Jean Marc
reapprendre à cuisiner des produits frais à aller sur les marchés locaux , à diminuer la consommation de viande , mais aussi réduire la consommation d’eau ! je me lave un jour sur 2 au gants et le jour suivant avec une douche ! je n’ai pas de machine à laver la vaisselle ! j’ai une cafetière à piston et une passoire pour le thé j;utilise des chiffonnetes au lieu de sopalin et j’ai des mouchoirs en tissu …ce n’est qu’un début ! ah si je pratique le train le bus et serais pour le covoiturage (pourquoi voit on encore des voitures conduites par un seul conducteur? le velo est aussi l’avenir de notre planète !
Théo
Merci pour votre contribution. Attention toutefois : avec un lave-vaisselle, on consomme moins d’eau qu’en lavant à la main.
Julio
Bonjour,
Je suppose que ça dépend fortement de la manière de faire la vaisselle 😉 Qui est plus, s’ajoute à ça un comparatif énergétique intéressant… Bref, comme beaucoup de chose, j’ai peur que ce ne soit pas si simple ! Blog intéressant au passage, bravo
louis
Le local c’est ce qu’il y a de mieux. Je sais que dans la majorité des grandes villes, on retrouve de plus en plus de commerces de quartier qui favorisent le local. La ruche qui dit oui, ou autre alternative pensé sur la proximité et l’équité.
Je trouve ca superbe !
Louis
http://www.electricien-nice-express.com/
ouverture de porte nice
Est-ce que la bonne résolution 2017 a été tenue ? Ce serait intéressant de réaliser un article pour nous dire ce qui a été réalisé au court de cette année passée 🙂
A très vite
Arnaud
Dr Atef Ghedira
jolie article merci bien pour la partage
Dimitri
Je suis entièrement d’accord avec Chloé. Selon moi, l’intérêt du bio est de manger mieux mais aussi de respecter l’environnement. Ramener ses tomates de l’autre bout de la terre n’est évidemment pas écologique.
Réduire la quantité d’intermédiaire est également une bonne option car cela permet aux producteurs de gagner mieux leur vie malgré les pertes du à l’agriculture sans pesticide ou autres produits chimiques favorisant le rendement.
Je suis artisan et je passe des certifications pour réaliser une transition écologique dans mon travail. Certification RGE et Qualibat afin de travailler avec du matériel écolo et plus respectable tout en gagnant en compétence. Un bon deal je trouve. Le combat est presque le même au final entre un agriculteur, un plombier ou un simple consommateur. Limiter la consommation d’eau car c’est pour moi la cause première des difficultés actuelles. En source :
http://www.plombier-paris-express.com/actualites/13-maitriser-sa-consommation-eau/
Théophile
Merci pour cet article fort intéressant ! Pour aller plus loin sur l’empreinte environnementale du web je vous invite à consulter mon article : https://www.fournisseur-energie.com/internet-plus-gros-pollueur-de-planete/
factsory
En matière d’alimentation, en plus de limiter sa consommation de produits animaux, un autre aspect est d’acheter des produits issus de l’agriculture biologique. Car bien que les rendements soient généralement moindres, ce mode d’agriculture n’a pas recours à des engrais ou pesticides issus de la pétrochimie, dont la synthèse est génératrice de gaz à effet de serre. Au final le bilan semble plutôt positif avec des gains appréciables pour certains aliments (par ex : œufs et poulets bio) : https://www.manicore.com/documentation/serre/assiette.html
Chloé
Mouais… alors en terme de consommation, à ce train là je pense qu’il vaut quand même mieux consommer « local » (en contrôlant la *nature* du local – bio, raisonné, etc) plutôt que d’acheter du labellisé BIO en supermarché (bio ou pas) qui vient de l’autre bout du monde…
Iznogood
Toujours cette opposition entre local et bio. Si faire venir des kiwis bio de Nouvelle Zélande est évidemment un problème pour l’effet de Serre, les kiwis aux pesticides et autres produits chimiques du Sud Ouest sont un problème pour les insectes, oiseaux, notre santé ainsi que pour l’effet de serre. En France, le tiers des oiseaux des plaines ont disparu en 15 ans (https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/03/20/les-oiseaux-disparaissent-des-campagnes-francaises-a-une-vitesse-vertigineuse_5273420_1652692.html). C’est un drame absolu qui a plusieurs facteurs, dont surtout l’utilisation de la chimie.
Il faut arrêter d’opposer les deux, et prendre du local ET bio.