L’aspartame est un édulcorant faiblement calorique approuvé dans les années 70-80, au pouvoir sucrant 200 fois supérieur à celui du sucre. Parmi les additifs utilisés dans l’alimentation, il fait partie de ceux ayant été les plus décriés. En effet, quand on parle d’aspartame, on pense immédiatement aux risques pour la santé qu’on lui associe souvent, et qui semblent faire partie de la sagesse commune. Au premier rang des soupçons on évoque souvent une cancérogénicité, mais la liste des maux dont il serait responsable est très longue. Par exemple le site Alternative Santé propose une liste impressionnante d’effets néfastes (cliquer pour dérouler) :
Manque de concentration, crampes, fatigue chronique, insomnies, pertes de mémoire, saignements de nez, vertiges, forte sensibilité aux bruits, sensation d’avoir froid même en plein été, problèmes menstruels, impuissance, problèmes sexuels, hyper ventilation, attaques et convulsions, épilepsie, nausées, vomissements, hypo et hyperglycémies, baisse de l’intelligence, douleurs dans la poitrine, problèmes de thyroïde, tremblements, douleurs en avalant ou aussi en urinant, sensibilité aux infections, hypertension, asthme… Mais aussi troubles de la personnalité comme : Soudaines crises d’agressivité parfois avec violences physiques, paranoïa, agoraphobie, phobies, paniques, sensations de « déjà vu », irritabilité, crises de démence, altération du caractère, difficulté de concentration, confusion, hyperactivité… De plus, l’aspartame provoque des symptômes semblables aux maladies suivantes ou les aggrave : Fibromyalgie, arthrite, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, lupus, diabète et complications diabétiques, épilepsie, maladie d’Alzheimer, lymphome, malformations congénitales, syndrome de fatigue chronique.
Malheureusement, aucune source n’est fournie sur ce site pour justifier ces propos. Par ailleurs, de nombreux symptômes cités sont plutôt non spécifiques et fréquents, y compris chez les individus en bonne santé, de sorte que tout le monde peut se sentir concerné et attribuer ces maux à l’aspartame. Mais en même temps, se peut-il que la totalité de ces accusations soient infondées ? A-t-on déjà vu autant de fumée sans feu ?
Que disent les recherches ?
En fait, de tous les additifs alimentaires, il s’avère que l’aspartame est probablement l’un des mieux connus. Des études, il y en a eu effectivement des centaines, qu’elles soient toxicologiques (en testant directement le produit chez l’homme ou l’animal) ou épidémiologiques (en observant les populations qui en consomment). Compte-tenu de l’ampleur de la consommation d’aspartame, on peut s’attendre à ce que si des effets délétères existent, les études épidémiologiques les auront documentés. De multiples publications ont eu pour but de tirer les conclusions des résultats de toutes les études disponibles. Voici la conclusion de l’une d’elle publiée en 2002 :
Les tests de sûreté de l’aspartame sont allés bien au-delà de ce qui est requis pour évaluer la sûreté d’un additif alimentaire. Quand toute la recherche sur l’aspartame est examinée, avec les évaluations avant et après mise sur le marché, il est clair que l’aspartame est sans danger, et qu’il ne reste aucune question en suspend à propos de sa sûreté dans les conditions d’utilisation prévues.
Concernant le cancer en particulier, une autre évaluation conclut en 2007 :
Les études ne fournissent aucune preuve qui soutienne une association entre aspartame et le cancer dans un quelconque tissu.
D’autres publications majeures ont abouti à la même conclusion (par exemple ici, et ici). Pour sa part, et dans le cadre d’une réévaluation de tous les additifs alimentaires autorisés en Europe, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a compilé une nouvelle fois la littérature scientifique sur les effets de l’aspartame. Ce processus transparent a abouti au maintien de la réglementation de cet additif (voir fiche info sur l’aspartame en français).
L’EFSA et d’autres institutions ont également examiné une série d’études menées par l’institut privé de recherche Ramazzini publiés en 2005-2010 qui, sur la base d’études chez le rat, suggéraient un risque cancérogène pour l’homme à des doses ordinaires. Après analyse, la communauté scientifique et les agences de régulation (ici par exemple pour l’Europe et le Canada, en français) ont fait part de sérieuses objections sur la base de limitations des études en question, qui ne permettaient pas aux auteurs de conclure sur la cancérogénicité de l’aspartame. Au-delà des conclusions douteuses de ces articles, le mode de communication choisi par l’Institut Ramazzini pour diffuser ces résultats est très criticable. En effet, mentionnons d’abord leur choix de publier dans le European Journal of Oncology, un journal interne à l’Institut Ramazzini, et peu connu. Autant dire que le protocole de relecture par les pairs, lors duquel des chercheurs indépendants donnent leur avis, n’a pas forcément été suivi de manière standard. En parallèle, cette publication était accompagnée d’une conférence de presse ayant attiré les médias du monde entier. Dans tout ce processus, il a été jugé que la démarche de communication adoptée autour des résultats « n’était pas transparente, s’est employée avant tout à faire du sensationnalisme, a été utilisée pour tromper volontairement les médias et n’a pas rempli les critères propres à la communication des risques ». Arranger un grand coup médiatique autour d’un travail scientifique de qualité discutable sur un sujet sensible, voilà qui ne sera pas sans rappeler les pratiques de Gilles-Éric Séralini concernant son étude tristement célèbre sur la toxicité des OGM en 2012, un parallèle plutôt troublant.
Pour compléter la discussion, mentionnons le fait que l’aspartame n’est jamais détecté dans le corps après ingestion : il se métabolise très vite en plusieurs molécules, dont le méthanol et la phénylalanine. Du fait que l’aspartame se métabolise en phénylalanine, il représente un risque pour les personnes atteintes de phénylcétonurie. Cette maladie génétique touche un nouveau-né sur 16 500 en France et empêche le corps de digérer cet acide aminé naturellement présent dans de nombreux aliments, comme la viande, les œufs, ou encore le soja. Ces personnes doivent limiter les apports en phénylalanine afin d’éviter qu’elle ne s’accumule dans le corps au point de présenter un risque toxique. Pour sa part, le méthanol est nocif à des doses élevées, ce qui peut susciter les craintes. Mais autant dire que si c’est le méthanol qui gêne, de nombreux autres aliments devraient aussi inquiéter de par leur contenu en méthanol. C’est notamment le cas des fruits et légumes : par exemple, à volume égal, boire un jus de fruits expose en moyenne à plus de deux fois plus de méthanol qu’un soda « light » (cliquer pour voir le calcul).
Pourquoi tant de soupçons ?
L’aspartame est donc un additif sans danger, excepté pour ceux qui souffrent de phénylcétonurie, c’est-à-dire une portion très faible de la population. À ce stade, on peut légitimement se demander d’où viennent tous les soupçons autour de l’aspartame. Née dès l’autorisation initiale de la molécule, la controverse semble avoir gagné le grand public suite à la diffusion d’une chaîne e-mail aux États-Unis en 1998 signée sous le pseudonyme « Nancy Markle ». Dans cette campagne contre l’aspartame, on décèle une pensée conspirationniste classique : de grands conflits d’intérêt mèneraient à la falsification d’études et à la corruption de l’expertise des autorités de régulation. Ce sentiment est exacerbé par le fait qu’une filiale de Monsanto – une entreprise qui attire automatiquement les suspicions – a longtemps produit de l’aspartame. Dès lors, il est tentant de rejeter d’un revers de main le consensus scientifique indiquant que l’aspartame est sans danger, car il serait fabriqué par les industriels et lui-même une preuve de leur influence. L’aspect circulaire et infalsifiable de ce raisonnement, commun à toute pensée conspirationniste, est parfaitement illustré par le discours du Dr. Janet Hull qui déclare : « je n’accepterai jamais le fait que l’aspartame est sans danger ». Il est intéressant de noter qu’elle propose un programme « détox » pour guérir de « l’empoisonnement » à l’aspartame… Bien que l’existence d’une telle conspiration ne soit pas fondamentalement impossible, elle demeure assez improbable, de par l’ampleur de la corruption nécessaire pour produire un faux consensus scientifique international et le maintenir dans le temps, notamment en regard de la taille comparativement modeste du marché de l’aspartame. En effet, dans la mesure où le plus gros lobby du monde (gaz et pétrole) est impuissant à contrecarrer le consensus sur le changement climatique, on peut se demander pourquoi des acteurs beaucoup moins puissants réussiraient là où le pétrole a échoué. De l’autre côté, l’exemple du Dr. Janet Hull montre que ceux qui font campagne contre l’aspartame aux États-Unis ne sont pas non plus tous de simples citoyens désintéressés.
Étant donnés les risques sanitaires associés à la consommation de trop grandes quantités de sucre (diabète, obésité etc), le recours à l’aspartame peut être utile dans certains cas, même si les données scientifiques ne permettent pas de conclure sur son utilité pour le contrôle du poids. Une chose reste certaine : dans tous les cas, l’eau reste le meilleur choix de boisson pour s’hydrater.
Abella Bernard
Salut! Plusieurs hommes et femmes sont victimes du surpoids et de l’obésité. La diététique est un aspect important pour vous qui voulez maigrir rapidement. Tout ne se base pas uniquement sur les aliments que vous allez intégrer à votre alimentation quotidienne. La perte de graisse devient facile quand vous connaissez la méthode. Pour perdre de la graisse, il faut surveiller votre alimentation et opter pour une nourriture équilibrée qui va participer à l’amincissement de l’ensemble de votre corps. De par mon expérience, la plupart des diètes échouent parce qu’elles ont une approche longue, lente et ennuyeuse vis à vis la perte de graisse. Comme expliqué dans le site suivant http://www.perdredupoidsregime.com/
Laganier Rémi
Par contre, n’importe quel édulcorant, par activation des récepteurs au goûts sucrés T1R2/T1R3 situés bien au delà de la langue (intestin, muqueuse nasale, cerveau…) sont suspectés d’être à l’origine de troubles métaboliques et addictifs importants, constituant un facteur favorisant des maladies métaboliques acquises et notamment du diabète et de l’obésité. http://ajpendo.physiology.org/content/310/8/E688.long L’aspartame n’est donc probablement pas sans danger, mais au même titre que n’importe quelle substance au goût sucré (Stevia, etc…). Les édulcorants ne devraient sans doute donc pas être utilisé dans le cadre du diabète et de l’obésité. Reste l’éducation au goût…
E.T.
Merci de votre commentaire.
Tout à fait, c’est un élément important que l’article a manqué de traiter. Il y a eu d’ailleurs des publications récentes allant dans ce sens, par exemple décrits dans cet article.