Article original publié le 20 août 2018 pour Ombelliscience sur la plateforme Échosciences Hauts-de-France.
Il est de nos jours difficile de passer à côté des mauvaises nouvelles concernant l’environnement. Changement climatique, disparitions d’espèces, déchets plastiques en mer… trop souvent les efforts pour améliorer la situation sont jugés insuffisants par les spécialistes. Face à l’influence majeure de l’humanité sur la planète, certains experts proposent de considérer l’entrée dans une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène, marquée par les activités humaines.
On pourra donc s’interroger sur le rapport de nos sociétés à l’environnement et sur ce qui motive les actions pour le préserver. La question est complexe, mais pour C. Sylvie Campagne, doctorante à l’Irstea et Coline Grabinski, chargée de mission à la DREAL Hauts-de-France, la clé est de réaliser collectivement que les espaces naturels nous fournissent des services essentiels et qu’il est donc dans notre intérêt de les préserver.
Le paradoxe de l’écologiste
Il y a longtemps que l’espèce humaine impacte le reste de la biosphère d’une manière qu’on pourrait qualifier de délétère. Son rôle dans la disparition de la mégafaune australienne il y a 40 000 ans est par exemple bien documenté. Dans l’Europe du Moyen-Âge, les forêts ont souffert du défrichement massif pour les besoins en bois et en terres agricoles. Avec la Révolution industrielle, les impacts environnementaux des activités humaines ont ensuite atteint des niveaux sans précédents.
En parallèle, la condition humaine n’a cessé de s’améliorer depuis cette époque : nous vivons toujours plus longtemps et en meilleure santé, la pauvreté et la faim dans le monde reculent… et ce malgré la croissance de la population mondiale. Le constat que les humains se portent de mieux en mieux tandis que leur environnement se détériore porte le nom de paradoxe de l’écologiste. Malgré ses effets indésirables, il semble que l’exploitation massive de la nature ait jusqu’à maintenant « valu le coup » pour l’humanité. Souvent, sortir de la pauvreté n’est possible qu’au prix d’un accroissement de l’empreinte écologique. Dans ce contexte, comment envisager la protection de l’environnement ?
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La déforestation pour installer des plantations de palmiers à huile menace la biodiversité mais est économiquement intéressante pour les habitants, ici à Bornéo.
Crédit photo : glennhurowitz
Une première solution consiste à attribuer une valeur intrinsèque à la biodiversité et aux espaces naturels, que ce soit à travers une forme de sacralisation de la nature ou par empathie envers le reste de la biosphère. En pratique, cette approche fonctionne bien avec des espèces de mammifères charismatiques dont l’image saura émouvoir le public, comme l’orang-outan des forêts d’Asie du sud-est. Toutefois, elle montre rapidement ses limites car ses résultats sont ciblés et ponctuels, au détriment d’espèces mal-aimées et d’écosystèmes mal connus. De plus, les jugements de valeur sous-jacents étant subjectifs, il peut être difficile de condamner quelqu’un qui se soucierait peu du sort des écosystèmes planétaires par rapport à son propre bien-être et celui de ses proches, notamment dans les pays pauvres.
Limites écologiques et services écosystémiques
Si l’approche purement altruiste a ses limites, la protection de l’environnement peut tout de même être défendue par une vision davantage rationnelle et anthropocentrée. En effet, il existe des limites écologiques, liées au caractère fini de la planète, qu’il est nécessaire de respecter pour pouvoir continuer de bénéficier de ses ressources à l’avenir. Cela constitue le cœur de la notion de durabilité, bien illustrée avec l’exemple du stock de poissons : une pression de pêche trop importante ne peut être maintenue dans la durée car la ressource finira par disparaître.
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Les émissions de CO2 perturbent le cycle du carbone planétaire. Son accumulation provoque un réchauffement par effet de serre et une acidification des océans.
De nombreux écosystèmes sont menacés par les activités des 7,6 milliards d’habitants sur Terre, dont la majorité cherche à accroître leur niveau de vie. Or les pays développés, qui offrent les meilleures conditions de vie, sont aussi ceux qui exercent le plus de pression sur l’environnement. Les scientifiques de diverses disciplines alertent régulièrement citoyens et décideurs sur les conséquences potentiellement catastrophiques de la poursuite des tendances actuelles.
L’humanité reste in fine dépendante du reste de la biosphère. Cette dernière lui rend en effet des services, appelés services écosystémiques : fourniture en eau douce ou en matériaux, régulation du climat, valeur récréative… autant de services gratuits et essentiels à notre bien-être.
« Parce qu’elle met en avant l’importance des écosystèmes pour le bien-être humain sans avoir à entrer dans leur fonctionnement complexe, la notion de service écosystémique est facilement appréhendée par les non-spécialistes et constitue donc un outil intéressant pour la conservation de la biodiversité », avance Sylvie Campagne. Aussi, son usage se répand : la loi française de 2016 sur la biodiversité contient par exemple de nombreuses références aux services écosystémiques, d’où l’intérêt de la DREAL Hauts-de-France pour le sujet.
Les services écosystémiques en région Hauts-de-France
Que ce soit au niveau mondial, européen ou français, approfondir les connaissances des services écosystémiques est une priorité pour les écologues. Il s’agit d’un sujet d’étude complexe, car idéalement une multitude de données sont nécessaires pour décrire la réalité des écosystèmes de façon exhaustive, ce qui est difficile à obtenir en pratique. En conséquence, il existe différentes approches pour caractériser les services écosystémiques.
Dans le cadre de sa thèse Sylvie Campagne, qui s’intéresse au territoire des Hauts-de-France, a choisi de recourir à des estimations dites à dire d’expert. Concrètement, cela consiste à réunir un panel de personnes connaissant les différents types d’écosystèmes de la région (associations de protection de la nature, collectivités, organismes scientifiques…) afin qu’ils estiment la capacité de fourniture de chaque service pour chaque milieu. En prenant la moyenne des scores attribués par l’ensemble du panel, on construit une matrice des capacités, c’est-à-dire un tableau permettant de visualiser le niveau de service potentiel de tous les types d’espaces préalablement cartographiés sur le territoire.
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Exemple (factice) de matrice des capacités présentant deux milieux et trois services.
La matrice des capacités a d’abord été réalisée en 2015 à l’échelle du Parc naturel régional Scarpe-Escaut (59), principalement sur les zones humides, milieux vulnérables dont Sylvie Campagne rappelle qu’ils « font partie des écosystèmes les plus riches de la planète, aux côtés des forêts tropicales « . Par la suite, cette même démarche a été menée sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France, sous l’impulsion de la DREAL. « Étant donné la pertinence de la notion de service écosystémique, nous avons été très heureux de collaborer avec Sylvie pour effectuer notre matrice des capacités à l’échelle de la région toute entière, une première en France », se félicite Coline Grabinski.
Pour l’occasion, une exposition pédagogique a été conçue afin d’illustrer les services écosystémiques fournis par différents milieux que l’on retrouve dans la région : forêts, prairies, littoraux, mais aussi espaces agricoles et terrils.
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Les milieux humides couvrent 3% de la surface des Hauts-de-France mais abritent une biodiversité très riche. Crédit photo : Altimage, Philippe Frutier
Pour aller plus loin, Sylvie Campagne et ses collègues se sont aussi penchés sur l’équilibre entre niveau des services rendus (capacité) et le niveau de services réellement utilisé. Cette approche peut mettre en avant les cas de surexploitation ou de dégradations, ce qui permet d’identifier plus facilement les priorités pour les efforts de conservation.
Conclusion
La notion de service écosystémique apparaît comme un outil intéressant pour motiver les efforts de conservation des espaces naturels. Non culpabilisante, elle constitue un bon complément à la vision de « nature sanctuaire » qu’il faudrait protéger par principe.
Toutefois, la quantification des niveaux de service n’est pas triviale et peut mener à des difficultés, en particulier lorsque des services entrent en compétition entre eux (espace agricole vs. forêt) ou avec des intérêts économiques (centres commerciaux, forages pétroliers…) ou humanitaires (sortie de la pauvreté). Par ailleurs, certaines conséquences néfastes de la dégradation des services écosystémiques ne surviennent pas immédiatement, ce qui peut décourager leur protection si l’on adopte une logique court-termiste.
Sur le même sujet, on pourra visionner la vidéo ci-dessous intitulée Combien vaut la Nature ? de la chaîne YouTube DirtyBiology (ou encore celle-ci).
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tom
Une approche très intéressante mais assez méconnu j’ai l’impression.
En ce qui concerne les images de vos articles, il serait pratique de pouvoir les ouvrir en plus grand (notamment celle des Illustration des services écosystémiques)
Théo
Merci de votre suggestion. J’ai lié l’image en question au fichier source, elle s’affiche maintenant en grand lorsque l’on clique dessus.